Visiter les Etats-Unis : d’Ouest en Est – Itinéraire #4

Devinez quoi ? Nous n’irons pas à Las Vegas cette fois. Tout arrive.

C’est un itinéraire moins spectaculaire au niveau des paysages, encore qu’il ne s’agisse là que de mon point de vue, mais tellement riche culturellement que ce soit en histoire comme en musique. Il est ainsi très porteur émotionnellement. Nous partons faire une boucle dans le Sud, au travers de la Bible Belt.

Nous démarrons donc de Charlotte en Caroline du nord, pour visiter la Géorgie, le nord de la Floride, la Louisiane, le Mississippi, le Tennessee et retour à Charlotte.

Charlotte -> Charleston->Beaufort -> Savannah

Passez votre chemin, il n’y a rien à voir à Charlotte sauf si vous obtenez des billets pour le basket. Et puis il y a tant à voir ailleurs.

Note : vous allez constater qu’avec cet itinéraire, on rate Atlanta : ça ne nous a fait ni chaud ni froid. Ancienne ville olympique certes, Atlanta est une ville pensée pour les congrès, conférences et autres séminaires, et franchement à part le musée Coca Cola, ça manque un peu d’âme : donc le détour ne nous a pas emballé. Et si vous voulez en connaître plus sur Martin Luther King et son combat, vous aurez largement votre comptant au musée des droits civiques de l’ancien motel Lorraine de Memphis.

En arrivant à Charleston, par contre, on a une tout autre histoire. On se retrouve aux confins d’une ville fière et riche, qui s’enorgueillit d’avoir tiré le premier coup de feu de la guerre de Sécession. On se balade devant les maisons de planteurs, des demeures coloniales aussi élégantes les unes que les autres mais qui ne peuvent s’envisager sans leur passé d’esclavagistes. On est Ma’am Scarlett, on se prend les pieds dans les crinolines des copines.

L’élégante spanish moss y fait son œuvre pour donner aux parcs et jardins cet air délicieusement mystique.

Charleston est la première ville d’un triptyque dans la même veine composé de Beaufort et Savannah.

(Charleston, Beaufort, Savannah – la Chouette et le Poisson-lune)

Les trois sont à faire. On ne se lasse pas. En revanche, on investit dans un répulsif anti-moustique car Beaufort est aux States ce que la Camargue est à la France. L’occasion d’expérimenter l’élasticité de la peau du visage et gagner en connaissance dermatologique ce que l’on perd en classe.

On s’arrête un peu plus à Savannah tant cette ville est un enchantement. Les cinéastes ne s’y sont pas trop trompés et l’ont pris pour décor de Minuit dans le jardin du bien et du mal ou encore Forest Gump dans sa scène d’ouverture au Chippewa Square quand Tom Hanks est assis sur un banc avec sa boite de chocolats.

Savannah -> le Nord de la Floride : Pensacola Beach

Cela prend du temps (11 heures de route environ) de relier Savannah à la Nouvelle Orléans (aka New Orleans). Alors autant s’arrêter sur la route.

Note : visiter la Floride ne nous a pas tentés. D’une part, cela faisait loin, et d’autre part, la région de naissance du Death Metal en dit tellement long sur la diversité des activités à faire que nous avons botté en touche, en nous disant que, selon l’occasion ou notre état de forme, on y retournerait spécialement pour se la couler douce avec marmots ou déambulateurs. Et puis nous ne sommes pas très férus de plages et d’eaux turquoise et on peut rencontrer des alligators dans les bayous. Donc pour nous, ça a été non. Ajoutez-le si vous aimez le Death Metal ou si vous avez du temps et pas du tout les mêmes goûts que nous.

En voyageant début septembre, la saison touche à sa fin et les hôtels deviennent très abordables. Un halte à mi-chemin correspond donc à Pensacola Beach, nous a reposé et gavé de langouste à prix si démocratique qu’on en a oublié toute cérémonie.

Pensacola Beach -> New-Orleans

C’est là que va réellement commencer votre parcours gastronomique et musical.

Note :Les villes de Louisiane ont ceci d’étonnant qu’il n’y a pas de centre-ville commerçant, quelques magasins d’artisanat tout au plus. Il faut aller dans les malls de périphérie pour faire du shopping. C’est très curieux et finalement très facile de rater le centre.

L’arrivée sur le Nouvelle-Orléans par l’Est fait emprunter une highway et circuler sur un des ponts les plus longs du monde (environ 40 kms). On y passe au-dessus du Lac Pontchartrain, celui-là même qui envahit la Nouvelle-Orléans après le passage de l’ouragan Katrina. La Louisiane connaît les ouragans, mais Katrina et surtout ses conséquences et la gestion aussi scandaleuse qu’irresponsable de l’administration Bush aura marqué sa population pour longtemps encore. Il y aurait un post entier à consacrer à cela. Prenez le temps de vous renseigner de demander gentiment, pudiquement à la population de vous raconter : écoutez les et compatissez. Ces gens ont connu l’enfer.

Le Vieux carré français n’a pas été touché par l’Ouragan ou très peu, parce qu’il est construit au-dessus du niveau de la mer, ce qui n’est pas le cas ailleurs. Il est magnifique. Il jouxte le Faubourg Marigny tout aussi emballant. Le soir le quartier devient piétonnier en partie, pour laisser la population flâner aux sons du jazz qui sort des célèbres boites de jazz ou des bars, dans cette fête de la musique quotidienne. L’ambiance y est extra. On évitera cependant la viande un peu trop saoule, qui se cherche des noises : nous avons assisté à une scène comme celle-ci à la limite du quartier et avons vite compris qu’il fallait passer notre chemin. On n’oublie pas que ces gens peuvent être armés. N’allez pas psychoter non plus plus que de raison, c’est totalement inutile et le quartier est sécurisé, mais rester vigilant avec un peu de bon sens est toujours bienvenu.

Si la Nouvelle-Orléans est aussi connue sous le nom de the Big Easy c’est parce que la vie y est … facile. Il est doux d’y déambuler, on s’y restaure à merveille, on chante, on rit, on danse. On se prend des orages maousses qui bloquent dans les rues pendant 15 minutes le temps d’avoir de l’eau jusqu’aux mollets et le temps que les turbines drainantes souterraines se mettent en branle.

On admire la différence entre l’architecture créole et l’architecture britannique. On mange cajun (déformation du terme Acadien), on entend le cajun, vieux français avec l’accent américain, on chante cajun…on s’enrichit tellement de cette culture qu’on maudit Bonaparte d’avoir vendu cette merveille. Ce sera pareil dans toute la Louisiane.

New-Orleans -> Atchafalaya Basin -> Lake Martin-> Lafayette-> Baton Rouge

CIMG4784

La Louisiane, je crois que c’est comme l’Afrique : ca ne se raconte pas, ça se vit. L’histoire y est si prégnante et les paysages si pittoresques qu’ils facilitent la compréhension et la projection dans cette histoire si riche. Vous laissez New-Orleans à regret mais c’est pour aller vous balader dans l’Atchafalaya Basin, dans les bayous. Vous allez voir les cocodries (alligators en créole), des araignées de la taille d’une paume de main, pattes exclues. Vous allez voir des personnes âgées venir à vous pour vous parler français, parce que c’est leur langue maternelle et que pendant leur scolarité, les autorités leur ont interdit de le parler même à la maison : les voisins y veillaient.

Baton Rouge-> Natchez-> Memphis

On quitte la Louisiane, direction le Nord et les rives du Mississippi puis le Tennessee, le tout en 6 heures. Une splendeur. On devient Huckelberry Finn, on court à côté des Steam Boats. On est au cœur de l’histoire esclavagiste. C’est tellement prenant. On a vu tellement d’images cinématographiques, documentaires, que tout semble familier et en même temps devient bien réel.

CIMG4845

On est aussi au cœur de l’histoire de la ségrégation raciale. Mais est-elle terminée d’ailleurs ? Memphis n’est pas une ville incroyablement belle. Elle est juste chargée d’une histoire peu glorieuse qu’elle a su conserver et mettre à profit, pour conjurer l’oubli. Il faut impérativement visiter le musée des droits civiques, le musée du rock & soul, les Sun Studio. C’est un ensemble. Pendant qu’il était réduit en esclave, victime de racismes, de violences et de brimades, le peuple noir nourrissait les oreilles faisait danser le monde entier dans des rythmes endiablés ou tristes mais tous insolents de génie.

Memphis est au Blues et Rock ce que New-Orleans est au jazz. Immanquable donc, ne serait-ce que pour visiter le kitschissime Graceland et se rafraîchir la mémoire du phénomène Presley. Chaque soir comme à New-Orleans, la rue principale (Beale Street) est fermée pour devenir piétonnière et permettre aux gens de se laver les oreilles aux accords de blues ou de rock de groupes aussi bons les uns que les autres. C’est aussi dans cette rue que j’ai dégusté les meilleures spare ribs de la Terre.

Vous l’aurez compris : j’ai adoré.

Memphis -> Nashville

On continue sa culture musicale par la country. Et on n’est pas déçu. A 3 heures de route de Memphis, Nashville est une ville très sympa à visiter et donc une chouette étape car même si vos oreilles sont comme les miennes peu réceptives à la musique country, vos mirettes seront surprises de constater que les Américains dansent dessus exactement comme dans les films, stetson sur la tête et santiag aux pieds. Là aussi, la rue principale devient piétonne le soir pour déambuler à sa guise et se dégourdir les gambettes.

IMG_3077

Note : L’accent du Tennessee est le pire que j’ai pu entendre. Depuis, je ne critique plus les Ecossais, fini, I swear, pinky promise.

Nashville – > Great Smoky Mountains

W.Reed Great Smoky mountains CC license

(Great Smoky Mountains NP – Warren Reed -creative commons)

 

En 3h30 on rejoint les Great Smoky Mountains pour une escapade en pleine nature dans le parc le plus visité des Etats-Unis. Des randonnées à foison, une centaine d’espèces d’arbres une faune abondante, des paysages incroyables, des couchers de soleils splendides, c’est l’assurance d’y trouver votre compte. Ce sera aussi la dernière étape avant de rejoindre Charlotte (3h de route) pour le vol retour.

Tagged with: , , , , , , , , , , , ,
Publié dans carnets de voyage, Etats-Unis

Laisser un commentaire

La chouette et le poisson-lune

Follow La Chouette et le Poisson-lune on WordPress.com

Entrez votre adresse mail pour suivre ce blog et être notifié par email des nouvelles publications.